LA PREMIÈRE ENTRÉE – Fabrication canadienne

Pour toutes sortes de raisons, il n’est pas facile de fabriquer des bateaux au Canada. Plusieurs seront donc
surpris d’apprendre qu’un des fabricants qui réussisent l’exploit se situe en Ontario et se spécialise exclusivement
dans les yachts de grand luxe. Son nom : Neptunus.

Jan Willem De Jong est arrivé des Pays Bas en 1989 avec son partenaire Martin. Ils avaient négocié un arrangement avec CNC Yachts pour que ces derniers produisent quelques bateaux pour eux. Mais les choses se sont rapidement compliquées lorsque le dollar canadien a fluctué et qu’une taxe sur le luxe fut mise en place par les États-Unis. Trois bateaux étaient complétés et deux étaient en chantier lorsque CNC a fait faillite, laissant
Jan et Martin dans une situation précaire.Refusant d’abandonner, ils ont loué la vieille usine des Voiliers Hinterhoeller en 1991, ont embauché une douzaine d’anciens employés de CNC Yachts et ont entrepris le développement de nouveaux modèles. Les temps étaient difficiles et en 1994, Neptunus était seul à fabriquer des yachts de quelque taille qu’il soit au Canada.

De 1995 à 1999, Neptunus a lancé des express yachts de 65 et 70 pieds qui étaient entièrement faits maison, du mou-lage de la coque au produit fini. En 1999, leur modèle 54 Express proposait un concept complètement nouveau. « À ce moment, ce bateau était un leader dans l’industrie. Maintenant, tout le monde en a un. Nous aurions sans doute dû le breveter » se souvient De Jong en rigolant.

En 2000, la compagnie comptait 60 employés et en 2001, elle fut vendue à un investisseur d’Oakville en Ontario. De Jong demeura en charge de la pro-duction jusqu’en 2004 puis devint le VP aux ventes et marketing. En 2007, le firme employait 110 personnes.

« Puis le crash économique de 2008 est venu tout bousiller, explique De Jong. L’industrie du bateau fut frappée de plein fouet. Les banques ne vou-laient plus prêter d’argent, le prix du pétrole a bondi, le dollar canadien a gagné de la valeur et avec l’effondre-ment de l’immobilier aux États-Unis, plus personne n’achetait de bateaux. » Neptunus réussit à survivre en gérant très serré, en limitant l’inventaire et en coupant le nombre d’employés à moins de 10. Avec un nouvel investisseur en 2008, « nous avons réussi à gerder la porte ouverte et les lumières allumées » se souvient De Jong.

« Pendant longtemps, plusieurs pen-saient que Neptunus avait disparu parce que nous n’avons rien dépensé côté marketing et ne visitions pas les salons nautiques. Mais nous fabriquions des bateaux. Puis vers 2012, les choses ont commencé à se replacer. Il y a présen-tement plus de 200 Neptunus en circu-lation. Plusieurs propriétaires satisfaits reviennent pour acheter un nouveau bateau, générant à eux seuls deux ou trois nouvelles ventes par année. »

Neptunus est très fier de sa proximité avec ses clients. Le développement de ses modèles est intimement lié à l’input fourni par les acheteurs et toute l’expérience d’achat est très personnalisée, du début de la production à la livraison fina-le effectuée sur l’eau par De Jong lui-même. « Neptunus permet à l’acheteur de choisir beaucoup plus que le décor ou la motorisation. S’il veut que la cuisine soit là-bas et que l’aménagement des cabines soit différent, nous l’écou-tons. Après tout, c’est son bateau »

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