Habituellement, un centenaire représente une période importante sur le plan historique qui mérite d’être soulignée et préservée. Pour une nation, un centenaire peut signifier tour à tour chaos, prospérité, conflit et évolution. Pour un individu, célébrer un centenaire est un événement remarquable tant sur le plan de la longévité que des accomplissements, des souvenirs et de l’héritage laissé à ses proches. Qu’en est-il d’une marina? Combien de plaisanciers l’ont féquentée au fils de toutes ces années ? Quels changements technologiques et de mode de vie ont marqué son histoire ? Combien d’enfants ont littéralement grandi puis vieilli et élevé leurs propres enfants en s’y rendant régulièrement ? Comment faudrait-il souligner sa contribution au patrimoine local ? Dans le cas de la marina de Lachine, l’approche du centenaire ne semble aucunement se diriger vers la célébration et la consécration, mais plutôt vers une fermeture complète ou quasi complète. L’administration municipale de Lachine a en effet décidé de tout simplement fermer la marina afin de changer la vocation du site.
Le collectif Sauvons la Marina de Lachine met tout en oeuvre pour que cette décision unilatérale soit discutée et évaluée en tenant compte du passé comme de l’avenir. Ses représentants étaient entre autre présents au récent Salon du bateau à flot de Montréal (voir notre article plus loin sur ces pages) pour sensibiliser le public et récolter des signatures. Le groupe a déjà organisé des événements comme une marche sur l’hôtel de ville et une fête d’un jour, en plus d’assurer une forte présence sur les médias sociaux. Tout ceci pour contrer les efforts du parti municipal au pouvoir qui veut fermer la marina de Lachine afin de transformer le site en parc.
Membre du conseil d’administration et porte-parole de Sauvons la Marina de Lachine, en plus d’être vice-présidente de l’Association des Plaisanciers du Port de Plaisance de Lachine, Martine Rochon est au coeur de la lutte pour sauver la marina. Nous l’avons rencontrée au Salon du bateau à flot du Vieux-Port de Montréal pour en savoir plus sur cette situation.
Comme elle le souligne si bien, que la navigation de plaisance soit une passion, un mode de vie ou un passe-temps familial, elle exige de faire des choix. À ce moment précis, un des choix qu’il faut faire est de se serrer les coudes tous ensemble pour sauver la plus grande marina au Québec. Avec ses quelque 450 places à quai pour des abonnés locaux et plusieurs autres pour les visiteurs, la marina de Lachine est fréquentée par des plaisanciers provenant de l’Ontario, de l’est du Canada et des États-Unis. C’est une plaque tournante touristique qui s’ouvre sur le fleuve jusqu’à la ville de Québec d’un côté et les Grands Lacs de l’autre, sans oublier de nombreux sites récréo-touristiques comme le Vieux-Port de Montréal et la rivière Richelieu.
L’histoire du développement de Montréal est fortement tributaire de ses voies navigables qui ont marqué sa création puis son évolution. La marina de Lachine représente et incarne une partie importante de cette histoire.
Le 9 juilet dernier, Rochon et ses collègues ont eu la surprise de recevoir une lettre qui n’adressait pas la situation de la COVID-19 comme on aurait cru mais annonçait plutôt la fermeture complète de la marina de Lachine afin de la transformer en parc en milieu humide, avec espaces pour le kayakage et le canotage. Selon Rochon, Projet Montréal croit que la marina est une source de pollution. Certains prétendent que les bateaux sont responsables de l’érosion des berges.
Pourtant, la marina est une zone réglementée sans sillage justement pour protéger les berges. Elle partage déjà l’espace avec les kayaks et autres embarcations à rames. Et contrairement à ce que plusieurs prétendent, la marina n’est pas le parc personnel de quelques richards. Il y a beaucoup, beaucoup plus de familles normales que de millionnaires et pour plusieurs, la valeur de leur bateau est inférieure à la valeur de leur automobile.
Sauvons la Marina de Lachine croit qu’un compromis est non seulement possible mais souhaitable. Le groupe a présenté une solution d’espace partagé à Projet Montréal durant une réunion virtuelle. Leur plan appuyé par des experts inclut des rampes de mise à l’eau, des zones humides, des activités de kayak et autres considérations générales. L’administration municipale a remercié le collectif pour sa proposition, puis a indiqué qu’elle comptait poursuivre dans la voie qu’elle avait déjà tracée.
Rochon et ses collègues refusent de baisser les bras et soutiennent qu’il y a place à une légitime discussion qui englobe tous les intervenants et tient compte du passé et du présent tout autant que de l’avenir. Le collectif a l’appui des diverses associations comme Nautisme Québec et la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Le soutien du public, en particulier de tous les plaisanciers, demeure essentiel pour pousuivre la lutte.
Pour en savoir plus et soutenir l’effort de guerre, visitez les sites :
https://www.plaisancierslachine.com/
https://www.facebook.com/sauvonslamarinadelachine